SKARLATINO n’en peut plus de s’agrandir : sa politique de recrutement aux quatre coins des trous les plus perdus du Lot-et-Garonne aboutit à un « zoo » dont le métissage des influences n’a rien à envier à Dactari.

Alex : Nom ?
S : SKARLATINO

A : Âge ?
S : Un an et demi

A : Qualité (s’il y en a) ?
S : Ne veut pas faire carrière.

A : Situation militaire ?
S : Toutes les sentinelles ont ordre de tirer si le groupe se produit à moins de deux kilomètres d’une caserne.

A : L’avant SKARLATINO ? qu’est-ce qui vous a donné l’envie de former un groupe ?
S : Pour ma part, j’ai vu KOCHISE en 1987 à la fête à Roger, ce fut le déclic. Ce soir là, j’ai tout perdu : mon portefeuille, mes docks, mes illusions et ma vertu !
Nos premiers groupes sur Sainte-Livrade furent NANA BENZ, puis LES VALSEUSES, non prémonitoire, puisqu’on y trouvait déjà ces deux couillons de Michel et Philippe. Puis il y a eu la rencontre avec NO US (Bouge, Jérôme, Laurent), sombre combo d’une cave villeneuvoise, qui sévit actuellement avec LA TUMBA. Tous ces groupes faisaient dans le punk-reggae à la Clash.
Ensuite, vinrent Prosper et Nora. Couple de hippie macraméens échappés de Saint-Pierre-de-Caubel.
Dernièrement, Olivier G. (comme le point, mais en plus sensible), transfuge des T3 à chier, nous a rejoints.
Pour finir, Thierry et M.Claude terminent leur stage d’insertion. Pour chacun, 10 ans d’expérience qui feront toujours la différence !
Ça donne un melting-pot punk-reggae-jazz, Le ska étant le dénominateur commun. Actuellement, on travaille d’autres sensibilités telles que le ragga, le ska-core ou les musiques latino-américaines (si vous avez des propositions à nous faire, écrivez au journal qui transmettra).

A : Le nom du groupe (référence au ska) n’est-il justement pas trop réducteur ?
S : Si, on peut le dire, ce n’est pas du ska traditionnel, même si certains membres du groupe tendent vers ce côté roots… Heureusement, les gardiens de la foi punk-destroy veillent au grain.

A : Cela pose-t-il des problèmes dans la construction des morceaux ?
S : Non ! Tout le monde est de bonne composition, ouvert et toujours respectueux de l’avis de ses petits camarades (surtout moi) : famille nombreuse, répets houleuses.

A : Onze personnes sur scène, n’est-ce pas un frein pour trouver des concerts ?
S : Que cela ne dégoute aucun organisateur ! Nous avons une capacité d’adaptation phénoménale. dans un bar, on peut être aussi nombreux que le public, et en cas de bagarre on a toutes nos chances.

A : Dans le groupe, trois personnes composent la section percus : quel intérêt ?
S : Et beh, cela nous permet de teinter différemment les morceaux. C’est une façon de ne pas tomber dans des constructions préfabriquées et souvent répétitives.

A : Qui écrit les textes ? Quelles en sont les inspirations ?
S : C’est La Fouine (le dialecticien gourou du groupe) qui s’y colle, même si récemment nous avons fait appel à Marifé, (la pasionaria fuméloise) pour nous rédiger une chanson en espagnol : EL SON !
En vrac, les inspirations vont de la secte Moon à la télévision (Jean-Pierre Pernaud et son immonde complice Paul Ricard), en passant par le SIDA, les paysans sans terre du Brésil et le Parti Socialiste !… Même s’il s’agit de sujets graves, on les aborde avec légèreté (faites-nous confiance) ; nous ne sommes pas des Kurt Cobain à damiers. Pour la forme, les références vont de Brassens à Géant Vert, le parolier prodigue des années 80.

A : vous reprenez le tube planétaire des oubliés Laid Thénardiers, « Penthotal » Quelle est la proportion du public qui s’en souvient ?
S : 2% environ. Le premier couplet est original et traite de la montée du FN en 1988, Le second est réactualisé par SKARLATINO et fait l’état des lieux 10 ans plus tard : le constat est affligeant !
Le morceau est autant contre le F-Haine que contre toutes les politiques tièdes menées pendant cette période.

A : Il est question que vous repreniez aussi la chanson de Craonne : quel intérêt de reprendre un morceau qui date de 1917 ?
S : Qu’elle soit des tranchées ou chirurgicale, il nous parait important de rappeler que la guerre est toujours dégueulasse. La souffrance des populations est toujours là, même si on s’évertue à la dissimuler derrière des artifices techniques.

A : Envisagez-vous une professionnalisation de votre formation ?
S : Il en est question pour une partie du groupe, qui voudrait vivre de sa musique plutôt que d’expédients divers : les autres taffent déjà et préfèrent voir en elle une passion et un mode d’expression privilégié. Le chemin est long pour remplir les conditions de l’intermittence (surtout qu’on est pas foutus d’arriver à l’heure à une répet…). Dans tous les cas, ce groupe est une excellente usine à souvenir.

A : A quand un enregistrement digne de ce nom ?
S : Dés qu’un producteur véreux daignera se pencher sur notre berceau. Plus sérieusement, c’est davantage une question de disponibilité. Ce n’est pas l’envie qui manque, même si les quelques expériences précédentes nous encouragent à préférer la scène.

A : Nous sommes le 11 mars, date anniversaire de la mort de Claude François : qu’est-ce que cela t’inspire ?
S : Ben déjà, quand on n’est pas doué pour le bricolage, on laisse ça aux pros, et je citerai humblement une de nos chansons :
« quand le show-bizzz est nostalgique, ça devient vite pathétique, plutôt que de nouveaux talents, voici la soupe de vos parents, du temps où c’était pas la crise, on dansait le disco sur Grease, et quand c’était le plein emploi, on swinguait sur Claude François. »

NI PESTE, NI CHOLÉRA… SKARLATINO

Propos recueillis par
Alex, le Géant Rouge.
Lili et La Fouine pour SKARLATINO.
Intro de May-May.

Laisser un commentaire